Les vêtements peuvent avoir plusieurs fonctions.
Le climat impose souvent une protection adéquate contre l’excès de froid, d’humidité, d’insolation…
Ces utilités, d’imitations commodes en habitudes de groupe, deviennent des règles sociales, par exemple en marque de pudeur, car l’une des premières lois communes à toutes les sociétés est celle de se protéger des autres. Le vêtement devient alors une marque de frontière entre l’intime et le public, le privé et le commun. L’imagination est toujours à l’affût de découvertes. En jouant sur le déshabillé, voire le «déshabillable», un vêtement censé atténuer l’attrait sexuel devient au contraire érotique.
Les tenues professionnelles et hygiéniques sont venues enrichir la panoplie de costumes : tabliers, salopettes, cache-poussière… autant de tenues utilitaires qui permettent de reconnaître des clans professionnels. L’habit ne fait pas le moine? Certes, mais il ouvre ou ferme a priori des portes…
L’uniforme est un symbole important dans toutes les associations. C’est un signe de reconnaissance et de ralliement. Pour en parfaire la signification, il se voit agrémenté de décorations diverses: qu’il s’agisse des tartans des clans écossais, des peintures des tribus, des gallons qui distinguent les hiérarchies… Les groupes représentés ainsi peuvent être ethniques, religieux, militaires, autoritaires (police, justice…), professionnels (le commercial, le chercheur, le secouriste, l’artiste…), amicaux (scouts…), sportifs…
Le contexte transforme la valeur d’un vêtement qui est une composante fortement soumise aux traditions locales et temporelles, fugitives ou stables pendant de très longues périodes ou encore artificiellement rénovées pour créer des modes commerciales. L’aspect visuel et facilement adaptable du vêtement en fait aussi un uniforme de contestation. Le blouson noir, le punk, les métalleux, et bien d’autres, du sympathique «cosplay» au terrifiant «skinhead», ont utilisé et utilisent toujours leurs tenues pour montrer des désaccords plus ou moins profonds, plus ou moins violents d’avec le reste de la société. Les pantalons dans la Révolution française font partie de ces tenues méprisées, qui devinrent un symbole avant de devenir une tenue des plus courantes. Même un vêtement dédié à la sécurité personnelle comme le gilet jaune peut devenir une bannière. L’absence, voire le refus de porter certains vêtements, fait partie de la prise d’uniforme. Ainsi, il était honteux en France d’être une femme «en cheveux» alors qu’aujourd’hui être coiffé d’un chapeau ou d’un foulard n’est plus une obligation, loin de là.
Ainsi, il est fréquent de constater que ce qui est ou était normal pour les uns, est ou devient anormal, voire conflictuel, pour d’autres. Un voile religieux aussi pacifique que la robe d’un moine zen peut prendre l’allure inquiétante de tenues de sectes guerrières. C’est que l’uniforme qui n’est pas un camouflage est fait pour être reconnu de loin, bien avant de reconnaître l’être qui le porte. Il sert de moyen visuel d’«identification ami ou ennemi».
L’humain, à l’instar de tout animal, même inconsciemment, est toujours sur le qui-vive pour défendre son territoire et protéger ses ressources. À cause de cela, il est capable d’imaginer le comportement d’un inconnu à partir du sien puisque chacun a la même structure mentale. À cause de cela, il peut avoir des difficultés à accepter un étranger surtout lorsqu’il croit discerner dans sa manière de s’habiller un uniforme hostile de dissidents ou de conquérant. Cette hypersensibilité à toute impression d’hostilité se renforce quand son histoire contient déjà des exemples précis et douloureux. C’est pourquoi, avant de pouvoir commencer à partager sa propre culture, il est toujours sage de suivre le conseil «À Rome, fais comme les Romains», sinon, comment donner, si déjà au départ on refuse l’échange dans un sens.
Il est dommage que si peu de personnes souhaitent faire tomber le voile qui cache les méandres de nos instincts et de nos pensées qui transforment le moindre bout de tissu en étendard… Il y en a beaucoup trop qui préfèrent l’ignorer par peur de découvrir un monde qu’il refuse ou pour imposer leur propre vision du monde. Pourtant, connaître nos comportements de base permettrait de mieux comprendre les malaises qui sont engendrés dans nos cerveaux et de rechercher plus sagement des synergies plutôt que des dominations écrasantes.
Tatouages, maquillages, port de bijoux, coupe de cheveux, etc., sont autant d’autres «uniformes» utilisés discrètement ou agressivement pour indiquer l’appartenance à un groupe, quel qu’il soit: tribu, caste, classe sociale, équipe sportive…
Aux uniformes portés volontairement et parfois arborés fièrement, il faut ajouter les «aspects» visuels que l’on hérite soit génétiquement soit culturellement dans les premières années de la vie.
L’une des principales tâches du cerveau est de catégoriser son savoir pour rapidement et efficacement l’exploiter. Pour cela, il utilise des abréviations mentales composées de quelques éléments de description comme les trois premières lettres d’un mot dans un lexique. La simplification du cerveau est telle qu’il peut réduire une expression de joie à une émoticône de deux ou trois signes. Ce travail de catalogage va se réaliser sur tout ce qui «saute aux yeux» et donc l’aspect donné par la morphologie sexuelle, la couleur de la peau, celle des cheveux, les tailles, la forme de telle ou telle partie du corps, l’accent du pays…
Simultanément, le cerveau va prioriser la qualité des expériences vécues associées: positives, négatives, neutre ou indéterminée. Ce mécanisme conduit immanquablement à certaines alertes xénophobes lorsqu’il y a absence d’amitié. Ces craintes ne sont pas nécessairement haineuses, mais, hélas, de toute manière plus ou moins pénalisantes, voire offensantes, pour ceux qui en sont victimes.
Heureusement, le comportement, lui, peut se remodeler par l’éducation: celle du respect de toute forme d’intelligence, et le support de cette intelligence, en l’occurrence le corps et le cerveau formaté dès la naissance. Souvent, aussi, cette même éducation devra enseigner qu’il est vain d’être fier de ce que l’on est et néfaste d’en avoir honte, car personne n’a choisi de naître tel qu’il est et là où il vit le jour.
L’éducation apporte plus qu’un enseignement d’un comportement communément admis au sein d’une société. Elle peut enrichir la classification du cerveau. Un peu comme si elle apprenait au cerveau que le dictionnaire ne se résume pas à l’ordre alphabétique de la première lettre de «Ah, bon…, zut!», mais à une suite de lettres qui enrichissent et affinent ainsi le savoir. C’est comme le visage qui n’est pas une émoticône de trois traits, mais un ensemble de muscles qui le façonnent et trahissent souvent l’âme sous-jacente.
Il n’y a pas que l’apparence qui «catégorise» à première vue un humain. Son comportement, ses gestes, son langage… le trahissent quand ce n’est pas volontairement qu’il veut se démarquer.
Ainsi pour les salutations, par exemple, le non-respect des coutumes locales peut être considéré comme marque d’hostilité, même si celui qui l’a fait croyait exécuter un signe de paix. Au contraire, le choix d’une salutation adéquate peut indiquer l’appartenance à une certaine classe sociale. Enfin, certains saluts peuvent servir à indiquer l’appartenance éventuellement secrète à un clan, une secte…
En règle générale, toute la courtoisie indique l’appartenance à un clan, et pas seulement les salutations. Les codes peuvent énormément varier d’une tradition culturelle à l’autre. Ce qui est «positif» pour l’un peut être «négatif» chez l’autre. Par exemple, regarder quelqu’un dans les yeux en saluant peut être considéré comme de l’arrogance pour l’un, et en même temps ne pas regarder peut être ressenti par l’autre comme de la fourberie. Quant aux poignées de main, que d’impairs possibles: faut-il tendre la main gauche ou la droite, faut-il chaleureusement secouer les mains, se contenter de les prendre fermement, ou de les effleurer, voire refuser le contact et ne saluer qu’à distance…?
Tant de cultures ont développé leurs codes de conduite, l’ont assimilé parfois pendant des générations… Or les codes comportementaux, la «culture» ou la tradition sont souvent édictés par la géologie du territoire des premiers clans dominants. Ces codes obéissent à des besoins de survie, probablement souvent plus en faveur de ces clans dominants, mais surtout sont au départ des paris, l’art de l’intelligence humaine d’extrapoler. Il en découle que ses choix sont souvent «hasardeux», tout comme les messages mutants tissés dans l’ADN. Au cours du temps, ne survivent que les règles qui ont réussi à s’adapter et à donner l’impression d’une amélioration. Encore une fois, là aussi, le respect de toute forme d’intelligence…
En pensant à l’importance que prend la culture dans chaque cerveau, en pensant que personne ne détient à lui tout seul toute la vérité de l’Univers, peut-être alors que la meilleure règle pour s’inviter quelque part est de commencer par respecter les coutumes de l’hôte, qui dans ce cas se montrera en général plus accueillant, et donc plus ouvert et enclin à découvrir d’autres horizons de pensées.
Autant on peut comprendre les peurs et les simplifications du cerveau, autant il faut dépasser ses craintes instinctives et prendre du recul par rapport aux vérités gravées dans le subconscient. Notre cerveau a été fabriqué pour aller de l’avant, mais pour aller de l’avant il faut être vivant et en bonne santé. Alors, notre cerveau se laisse parfois submerger par les alertes aux dangers. Si une fois au cours de notre vie, une personne avec tel type de nez nous a fait du mal, il est logique de rester sur ses gardes à la prochaine alerte. Mais rester sur ses gardes n’implique pas de fermer définitivement la porte, car une petite poignée d’expériences ne peuvent à elles seules s’ériger en loi.
Si la peur peut se comprendre, le non-respect d’autrui par rapport à un aspect ou une attitude visible ou pressentie, est en contradiction avec la première loi de Hôdo qui devrait l’emporter sur tout le reste. Être blonde, noir, nain, obèse, belge, maladroit, autiste, ou avoir les yeux bridés, le nez long, etc., tous ces traits ne sont que des uniformes que l’on porte sur l’âme qui nous anime. Ce sont les uniformes que dame nature a jugé bon de nous attribuer et que dame hasard vient parfois perturber pour une mission qui nous échappe la plupart du temps. Selon cette première loi de Hôdo, il n’y a même pas de discriminations positives possibles, car nous sommes tous des tabernacles d’intelligence avec notre lot de souffrances et de talents.
Rendre uniforme toute l’espèce humaine est aussi du point de vue hôdon, un non-respect, voire un rejet de la biodiversité humaine que nous avons baptisé «humanodiversité». La vie ne sera jamais uniforme. C’est un souhait éventuel pour une dictature qui ne veut voir qu’une seule tête quand tous les sujets sont alignés devant elle. C’est bien plus facile à dominer quand il n’y a qu’une seule pensée.
À tous les niveaux de la vie, des éléments distincts se réunissent pour fabriquer des groupes qui œuvreront en commun dans des groupes encore plus grands. C’est comme les quelque 200 types de cellules qui constituent des tissus, des organes, des fluides… dans notre corps. Et c’est ce corps lui-même qui va s’associer avec d’autres humains pour créer des associations, des équipes de travail, des villages, des régions, des pays… l’Humanité.
Le respect de toute forme d’intelligence ne fait aucune distinction de valeurs des talents de chacun. C’est même, l’une des raisons qui ont poussé le projet Hôdo à créer le concept d’une monnaie-énergie. En effet, ce qui devrait être donné comme base minimum à tout un chacun devrait être proportionnel à son métabolisme, et ce, quels que soient l’âge et l’habitat sur la Terre.
Il y a de nombreuses manières d’interpréter la «laïcité». Ce n’est pas une notion récente ni réservée à certains pays.
Pour Hôdo, la laïcité est une attitude de neutralité pour pouvoir pratiquer la synergie hôdonne sans tensions inutiles. En effet, l’expérience a souvent montré à tous les niveaux, depuis la table familiale jusqu’aux hautes instances d’un État, que les convictions philosophiques, idéologiques et religieuses sont sources de conflits dans les réunions. De plus, maintes histoires nationales sont émaillées de conflits religieux, internes ou externes, et certains perdurent.
Pour Hôdo, la laïcité est donc une forme de retenue dans certaines circonstances, notamment dans toutes les réunions qui concernent des services publics. Bien sûr, le mot «public» a lui aussi plusieurs interprétations possibles. Aussi, faut-il préciser, que l’esprit Hôdo comprend par là, toute organisation qui se veut neutre dans son service et surtout celles qui sont imposées par un devoir national qui impose une certaine mixité. L’équilibre est très difficile à atteindre dans ces conditions de flou. Aussi, le plus sage en cas de doute est de se vêtir comme les gens de l’accueil à condition qu’eux-mêmes ne soient pas en uniforme dans ce type de lieu.
Enfin, il ne faut pas confondre laïcité et athéisme. Ce dernier est du point de vue hôdon aussi une forme de religion, d’idéologie, de philosophie qui plus d’une fois essaie de s’imposer.