Le projet hôdon qui se veut scientifique dans sa méthode pouvait être associé à la «biopolitique», voire la «sociobiologie», terme moins rébarbatif que «politique scientifique», ou pire encore, que «neuro-bio-socio-politique» puisqu’elle s’appuie sur les concepts des neurosciences sociales et du respect des lois de la physique pour gérer au mieux l’emploi de toutes les ressources de l’Univers. Le mot «biopolitique» existait déjà et sa notion s’éloigne parfois du concept hôdon. N’ayant pas trouvé de meilleure expression, les termes «Hôdo» et «hôdon» n’étant ni connus ni associés à une notion connue en politique, sont choisis pour ne pas prêter à confusion avec d’autres concepts.
Le terme «hôdon» est issu du monde de la science-fiction. Il désignait une population qui avait quitté la Terre et qui pour survivre dans un monde peu hospitalier avait mis en place une stratégie de survie basée sur la synergie, le consensus, le respect de l’autre et de la nature. Ils avaient donné à leur planète le nom de «Hôdo», mot d’origine japonaise signifiant «terre de la rétribution»*, symbolisant pour ces pionniers la devise de leur nouveau monde:
La «bio»-politique scientifique du projet Hôdo a deux axes directeurs pour appréhender les comportements sociaux:
À l’instar de la physique qui a dû parfois imposer ses observations contraires aux traditions et aux croyances, la psychologie avance tout doucement, mais sûrement. Dire que nous sommes menés par le bout de sexe, reconnaître que nous avons une animalité normale, que les émotions ne sont pas des tares et que nous sommes moins souvent des superhéros de la création que nous le souhaiterions rabaisse notre vanité, et est souvent insupportable. Nous faire admettre qu’en voulant être des anges, nous sommes parfois encore plus (des) bêtes, n’a rien d’évident, car cela va à l’encontre de nos convictions religieuses, philosophiques, politiques… Alors, les frileux se rebellent contre ces fous de labo, ces neuromachins qui décortiquent notre cerveau, ces statisticiens qui nous ravalent à du hasard non voulu par notre superbe volonté libre de choisir, tous ces scientifiques froids et inhumains qui semblent vouloir faire disparaître l’«âme», cette chose indéfinissable qui est censée faire de nous la «première» créature de la Création. Pourtant, le fait de ne pas être des anges ne fait pas de nous des démons, et l’enfer est parsemé de frileux.
Bien sûr, comme toute science, il y a des tâtonnements, des hypothèses, des théories, un moment adoptées puis corrigées, voire abandonnées. Ce qui importe, c’est que la méthode scientifique et le protocole expérimental soient exempts d’influences passionnelles, et que finalement ce soit la communauté de ceux qui étudient le domaine qui adopte les voies qui semblent les plus correctement comprises à un moment donné et approprié à une réalité expérimentale.
L’avantage de l’esprit scientifique c’est d’être, en théorie, libre-penseur, même si tout chercheur est humain et donc susceptible de se tromper, mais le savoir est une voie, non un terminus. Vu sous cet angle, il n’y a pas incompatibilité avec toute quête existentielle ou existentialiste. Au contraire, car si nous pouvions passer moins de temps à nous nuire parce que nous usons par ignorance de nos capacités de destruction au détriment de celles de la créativité, nous aurions plus loisir à nous interroger sur notre place dans l’Univers.
Nous sommes rentrés dans une ère où les frontières nationales s’estompent grâce principalement aux échanges informatiques. C’est une grande chose, pourtant, l’internet est né de besoin guerrier sous les auspices du DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency). Aujourd’hui, le réseau sert une autre forme de guerre: propagandes, désinformations, indiscrétions, embrigadement… Si nous voulons que ce merveilleux outil ne soit pas monopolisé pour perpétrer la haine et inciter à la violence, quelle qu’elle soit, il est peut-être opportun d’y semer les fleurs de la synergie constructive plutôt que de parsemer les fruits de la discorde, et de créer un rassemblement de hôdons sur la toile.
Le projet Hôdo vise à transcender ces jeux de dominances pour que l’humanité progresse plus loin tant en confort qu’en sagesse sans chercher à détruire systématiquement toute vie, toute intelligence qui résiste.
Comme le projet Hôdo concerne les relations entre humains, il sera incontournable de parler de domination.
Tout d’abord, il faut sans cesse rappeler cette phrase de H. Laborit :
Nous sommes tous dominants, et, si nous en avons l’opportunité, chacun d’entre nous pourrait vouloir être «calife à la place du calife» (allusion au titre du treizième album de la série de bandes dessinées Iznogoud, écrite par René Goscinny et dessinée par Jean Tabary, paru en 1978). Alors, comment détourner «l’agressivité» de la dominance? (allusion à L’agressivité détournée de H. Laborit, dans Introduction à une biologie du comportement social, Union Générale d’Édition, «10/18», ISBN 2-264-00370-7)
Peut-être, suffit-il de distinguer le pilote d’un vaisseau, le chef d’orchestre, le chef d’une unité de pompiers, par exemple, des tyrans qui veulent formater une communauté à leur image, des esclavagistes qui nient toute nature humaine hors celle de leur caste, et des despotes qui travaillent sans éclat, dans l’ombre, tels les pervers narcissiques et autres experts en manipulation mentale. Les blessures de ces derniers sont souvent plus invisibles, mais plus profondément ancrées dans la psyché et plus difficilement guérissables que celles résultant de violence physique (certes, non moins excusables).
Par conséquent, il faut peut-être aussi distinguer la soumission imposée de la «soumission librement consentie» (allusion au titre édité par Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois aux Presses universitaires de France, 1998). L’«obéissance volontaire1», peut être considérée comme une loyauté, point à l’égard d’un dominant, mais d’un groupe dont le bon fonctionnement de ce dernier est confié à un individu ou un groupe qui en a montré des qualités adéquates. S’en remettre à quelqu’un de compétent pour la réalisation de quelque chose requiert le respect de la première loi de Hôdo. Être insoumis ne requiert que de l’agressivité, si spontanée… L’éternel calife qui veut la place du calife…
Nous en arrivons à la conclusion que tous les dominants ne sont pas des monstres à éliminer, même s’il faut tirer la sonnette d’alarme de temps à autre, comme un nerf qui remonte une alerte au cerveau. C’est pourquoi dans tous les écrits de Hôdo, les dominants «néfastes» seront capitalisés, petite différence de typographie, à l’instar de la fine et floue frontière qui sépare les «guides» et les «tyrans».
En effet, la notion de parti inclut presque inévitablement la notion de partisanerie, une partition au sens mathématique dans un ensemble. Si cela est normal, voire indispensable, pour la gestion de la vie en communauté, cela serait malsain pour l’esprit hôdon qui est uniquement une manière de se comporter pour approcher un humanisme le plus rationnel possible et non une proposition de gestion de vie en communauté comme c’est théoriquement le but des partis.
Toute la nature — et le taoïsme l’a très bien observé — est un équilibre dynamique et instable entre deux antagonismes. L’univers physique entier, et dans chacune de ses composantes, oscille entre forces attractives et répulsives. Et nous sommes le résultat de ces jeux de forces et de ces «tatonnement» d’un équilibre à l’autre.
Il s’en suit que du point de vue du hôdon, il n’y a pas de partis mauvais ou bons, il y a des décisions à prendre parmi des choix, comme appuyer sur le frein ou sur l’accélérateur. Ce sont les circonstances qui imposeront les choix, et souvent les doutes. Être hôdon, c’est accepter la coexistence de ces tendances sans jugement de «valeur» tant qu’elles respectent les lois fondamentales de Hôdo. Être Hôdon, c’est déjà éviter de taxer le frein d’«idiot» et l’accélérateur de «méchant», c’est éviter d’avoir un comportement paternaliste ou démagogique en jouant sur les valeurs éthiques d’origines religieuses ou non.
C’est pourquoi il ne peut y avoir de parti «hôdon» puisque son attitude prône non le «centre», mais la neutralité, ou plus précisément, à l’instar du taoïsme, un équilibre dynamique. Il en découle, que le Projet Hôdo s’intègre plus facilement dans les partis dits centristes incluant dans leur gouvernance toutes les tendances partisanes, car pour bien gouverner il faut savoir freiner et accélérer, tourner à gauche ou à droite tout en conservant un cap qui lui aura été confié.
Un acte en soi, n’est ni bon ni mauvais, mais ses conséquences peuvent être bonnes ou mauvaises pour l’individu ou le groupe d’individus qui en subissent les conséquences dans certaines conditions. C’est comme le couteau: outils ou arme de crime?
Ce préambule est important, car il n’est pas rare de voir attribuer une «valeur» qui conduirait à prohiber l’usage du couteau sous prétexte qu’il peut être mortel.
Les «valeurs» se communiquent souvent comme une forme d’héritage d’expériences qui, avec le temps et la propagation des savoirs, enrichit les us et coutumes, traditions souvent tacites qui modèlent une culture, une civilisation.
Les valeurs sont aussi imposées par les dominants du moment, et souvent, trop souvent, n’ont aucune base sérieuse en dehors du fait qu’elles sont gratifiantes pour eux et pour leur cour. Or les dominants possèdent souvent le charisme et les moyens de conviction pour étayer l’importance de ces valeurs. Ils peuvent même en faire des bannières derrière lesquelles se rangeront des humains pour en combattre d’autres.
Un acte est bon ou mauvais selon ses conséquences, c’est-à-dire s’il améliore ou diminue la qualité de vie. Et là encore, il faut être prudent et peser la part positive des gratifications des dégâts occasionnés par ailleurs, plus ou moins irréversibles comme le font certaines drogues. Le cerveau est susceptible de se tromper par une «faille» qui fait partie de son intelligence: l’accoutumance.
Celle-ci peut être assimilée à un tracé gravé dans un support plastique, comme la rivière qui creuse son cours d’eau, le sculpteur qui cisèle sa figure, ou les ions qui préparent la foudre.
C’est peu à peu que l’information trace positivement ou négativement sa route dans nos pensées. Les manipulateurs savent s’en servir en nous faisant gravir les étages par petites marches là où nous aurions refusé de sauter le mur. Mais n’est-ce pas aussi ainsi que fonctionne l’éducation?
Non contents de renforcer les acquis par la répétition, nous utilisons la justification pour renforcer nos choix jusqu’à l’assuétude, car la rétroac tion fait partie des mécanismes de notre intelligence pour renforcer ce qui est censé être important de son point de vue.
C’est aussi sans doute un mécanisme similaire qui verrouille notre cerveau et qui l’empêche d’acquérir de nouvelles informations, figeant ainsi aussi bien l’accent maternel et les premières mimiques, que les croyances et les leçons de la toute jeune enfance auquel on s’accroche parfois avec l’énergie du désespoir, et pour cause, toute la stabilité de la personnalité s’y repose en général, entraînant ainsi moins de souplesse à certaines réadaptations. Ce mécanisme est logique, car il n’y aurait pas de possibilités de croître dans tous les sens du terme si l’organisme manquait de fondations sur lesquelles construire son univers et le comportement qui lui convient pour y vivre le mieux possible. C’est l’éternel problème soulevé: l’équilibre entre forces antagonistes, entre rigidité et souplesse.
La souplesse est indispensable et elle devrait pouvoir utiliser les retours d’expériences périodiquement, car ce qui était bon dans certaines circonstances peut avoir évolué non seulement pour tomber dans l’obsolescence, mais parfois aussi pour devenir néfaste.
Toutes ces considérations devraient nous conduire à plus d’humilité quant à la certitude de nos valeurs, et la meilleure parade est l’analyse objective par un collège de «scientifiques», même s’ils risquent de trouver que nous ressemblons à des bonobos ou des fourmis.
Ce n’est pas parce que l’esprit hôdon refuse de tomber dans le piège des valeurs dites morales utilisées par les manipulateurs pour fustiger et pour télécommander qu’il faille basculer dans l’extrême «bisounours» et ne plus voir l’existence de comportement «méchant». Et même un «bisounours» est capable de «méchanceté» lorsqu’il blesse autrui en ne respectant ni son intelligence ni son droit à l’évitement. Qu’on le veuille ou pas, nous avons tous les graines de dominations et de manipulations au fond de nous.
L’humilité du «scientifique», telle que le propose l’esprit hôdon, c’est de reconnaître que nous ne sommes pas omniscients, et que nous ne sommes pas des dieux pour juger et condamner autrui. Cela devrait aussi nous conduire, non pas à plus de tolérance, mais à plus de respect à l’égard des autres accoutumances, car elles procèdent des mêmes mécanismes que les nôtres.
Plutôt que de culpabiliser, il vaut mieux combattre celui qui nuit, et l’empêcher de poursuivre ses agressions. Ni le tigre ni le virus ne sont méchants, pourtant, dans les deux cas, il faut se défendre pour continuer à vivre.
Ainsi, l’obligation de réparer les dommages causés par ses actes devrait être une pédagogie permettant de faire découvrir un peu ce qu’a ressenti la victime, mais pas une vengeance ni un châtiment de «droit divin».
Dans certains cas, l’isolement devrait s’imposer lorsque la menace semble persistante, voire récidivante. Des soins seraient sûrement bienvenus, mais avec quelle autorité? Encore faudrait-il accorder le choix entre la réclusion avec ou sans soin, voire accéder à la demande d’euthanasie, non pas comme châtiment suprême ou comme fuite de ses responsabilités pour ne pas réparer les dommages, mais comme la reconnaissance d’un échec irréparable de la nature.
En effet, tout se passe comme s’il n’y avait pas que les psychotropes qui peuvent engendrer des habitudes et des dépendances, et que maints instincts mal maîtrisés agissent comme des drogues avec leur asservissement plus ou moins irrépressible. La sexualité rentre peut-être dans cette catégorie. Et pas seulement la sexualité jugée perverse, mais tous les comportements sexuels.
Dans l’esprit hôdon, il vaut mieux dire de quelqu’un qui est malfaisant que c’est un «ennemi» dangereux ou un malade hostile, plutôt qu’un méchant. Ce dernier terme est trop imprégné de valeurs éthiques non fiables, car soumis à des modes de civilisation, et ce qu’on appelle civilisation n’est peut-être en fait que l’art de dominer sans violence.
La vérité et les valeurs de chacun sont enfermées dans sa boîte crânienne et souvent nous n’en sommes pas maîtres. L’intelligence passe son temps à trier le bon et le mauvais pour soi-même, mais il lui est tellement plus aisé de gagner du temps en utilisant le savoir des autres. Encore faut-il pouvoir faire confiance à ce savoir. Si une entité plus savante pouvait distribuer ce savoir avec certitude, cela diminuerait les risques d’erreurs. Cette entité, si elle était «divine», ne serait pas contestable. Mais de toute manière, ce sont d’autres cerveaux, humains cette fois, qui interpréteront cette connaissance, et ceux-ci, sont-ils fiables? Certains se rebellent contre ses messagers, prophètes ou autres qui prétendent détenir une vérité qu'ils ont interprété. Alors, ces redresseurs de vérités créent leurs philosophes qui tout compte fait n’utilisent que la vérité enfermée dans leur propre cerveau et modelée à leur insu par leur environnement. Ces mêmes prophètes remplaceront parfois toute divinité par leur Philosophie. Si l’on pouvait, il y aurait autant de schismes qu’il y a de cerveaux et aujourd’hui, la défiance est même devenue un réflexe à la mode.
Le cerveau découvre tant bien que mal une hygiène de vie intrinsèque lui permettant de profiter et de rentabiliser au mieux son existence. Mais il n’est pas seul. L’humain est particulièrement social, car ce «confort de vie» est devenu complexe et difficilement réalisable par un seul. Dès lors, il lui faut la collaboration d’autres humains qui auront développé les compétences adéquates. Qui dit «adéquates» impose un choix délibéré de spécialisation. Si tout le monde sait allumer un feu, mais que personne ne ramasse du bois, il y aura un problème de réalisation. L’humain développera donc une certaine forme de négociation entraînant parfois des jeux de dominance comme le chantage.
La vie en société lui imposera le respect de certaines règles, ce qui est bien ou mal pour l’autre appartenant au cercle des «amis». Le premier cercle de relation est celui du foyer où se développera l’enfant. C’est le premier endroit où on lui dira: «tu es gentil, tu es méchant». Cet enregistrement le suivra toute sa vie, même s’il se rebelle contre ce formatage qui influencera son comportement.
Par la suite, c’est l’«empathie» qui enseignera le ressenti d’autrui. Encore faut-il ne pas oublier que nous ne sommes jamais à la place d’un autre. La seule chose que l’on peut faire, c’est recopier le ressenti de l’autre en cherchant plus ou moins consciemment des similitudes dans notre expérience. Nous sommes doués, heureusement, pour extrapoler. C’est notre intelligence, dont on blâmera parfois d’autres conséquences «morales» comme l’amalgame. Or, précisément, l’amalgame est une conséquence de l’art de la catégorisation de notre pensée. Notre cerveau semble comprendre mieux que nous la théorie des ensembles. C’est logique, il passe son temps à classer ce qui lui est favorable et défavorable, ce qui est bon et mauvais.
L'empathie n'est-elle pas nécessairement de la sympathie? Elle peut même servir le sadisme. L’empathie lui sert autant à répertorier les dangers à éviter que les zones de fragilité d’autrui. La sympathie lui fera éviter de blesser, l'antipathie peut l'amener, au contraire, à exploiter la souffrance de l'autre. Mais à force de tout vouloir ranger en valeurs morales on finit par oublier notre animalité, qui n’est ni bonne ni mauvaise, mais seulement le fruit d’une longue évolution de l’intelligence issue de presque rien.
Notre organisme contient des cellules souches prêtes à produire des cellules spécifiques avec leur mission spécifique. De manière analogue, nous avons probablement les germes de tout type de société dans notre esprit et nous sommes probablement statistiquement la représentation interne de la société dans laquelle nous vivons avec ces différentes composantes antagonistes d’un extrême à l’autre de tout échiquier politique.
L’amour n’est pas une émotion simple et banale que l’on peut servir à toutes les sauces. Il faut une très grande confiance à l’autre pour lui livrer ses points fragiles, son intimité, donc son ultime abri. Parler d’amour entre inconnus ou entre populations n’a donc pas de sens, car cela voudrait dire que nous avons l’imprudence de nous offrir sans protection à tout venant.
Donc, clamer l’amour entre peuples, c’est encore plus illogique. On peut aimer des membres d’un autre peuple, ou de n’importe quel groupe humain, et ce n’est pas pour autant que les personnes aimées représentent leur population. Imposer l’amour d’une autre population reviendrait à imposer un mariage forcé entre inconnus.
Bien sûr, on peut avoir des sympathies pour une civilisation dont on partage certaines «valeurs», mais cela n’implique pas de l’amour. C’est un slogan, un cache-misère, une extrapolation qui sert souvent plus à cacher précisément une déficience de synergie. Là aussi, l’esprit hôdon veut dépasser ces notions de jugement de valeur cette fois entre civilisations. Aucune n’a le privilège de dire qu’elle est meilleure que l’autre, et aucune ne doit se sentir méprisée ou bafouée. Chaque peuple à son histoire, lié à son environnement dans lequel une multitude d’humains, tous semblables en structure et différents en vécu, ont accumulé leur savoir pour vivre ensemble le moins mal possible dans une niche environnementale donnée. Et chaque civilisation au total contribue à sa manière à la grande Histoire de l’Humanité.
La neutralité pour un psychanalyste, c’est l’attitude objective et sans préjugés qu’il se doit de conserver dans toute interprétation. C’est cette neutralité que prône le projet Hôdo afin de pouvoir respecter autrui. C’est loin de la miraculeuse vertu de l’amour d’une société utopique où «tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil2».
Être neutre permet d’avoir le recul pour être rationnel et avoir la notion de la justesse de la mesure. Cela permet aussi d’éviter les écueils des exceptions: le respect de l’intelligence et le droit à la fuite et à l’abri ne tolère aucune restriction, par omission, favoritisme ou autre. Il n’y a pas de pauvres malheureux ni de méchants dominants: il y a des intelligences qui ont évolué de manières différentes dans des contextes différents qu’aucun nouveau-né n’a choisis. Aux politiciens de choisir les outils pour assurer ces notions que sont la solidarité, la liberté… La position hôdonne est que ces choix se fassent toujours en toutes circonstances en respectant l’autre, même si c’est un ennemi. Dans tous les cas de figure, les positions doivent toujours être claires et non démagogiques ni électoralistes.
Traiter quelqu’un d’hostile en «ennemi» est plus constructif pour les deux partis. Culpabiliser risque de conforter l’impression de victime incomprise, surtout si les critères de jugement ne sont pas identiques aux autres cas semblables et s’ils sont ressentis comme une injustice, résultat d’un «deux poids, deux mesures». Quant à traiter les gens d’incompétents, pour ne pas dire moins, cela ne fera que les blesser plus et les conforter aussi dans l’idée qu’il faut faire ses preuves pour prouver le contraire. Cela sera souvent le début de l’ancrage des préjugés, surtout si celui qui essuie le mépris enchaîne maladresse sur maladresse, pris dans l’engrenage du stress, ce qui est destructif pour l'intelligence de la victime.
Traiter quelqu’un en «ennemi», c’est lui signaler que son comportement est nuisible à l’individu ou au groupe qui en souffre et donc qu’on le combattra s’il ne cesse pas son hostilité, même involontaire. Cette attitude a l’avantage de l’honnêteté, et puisqu’elle est transparente, elle permet la négociation, celle de réciprocité du respect de l’intelligence et celle du droit à la paix, c’est-à-dire à un refuge. Il ne faut pas non plus que ce repli se transforme pour l’un comme pour l’autre en prison ou en avant-poste.
Être hôdon c’est ne pas dominer ni par la violence, ni par le mépris, ni au moyen de toute forme de manipulation, c’est respecter l’esprit professé par les Amérindiens:
La neutralité conduit à penser aux extrêmes. Qu’en est-il dans l’esprit hôdon qui s’impose de respecter toute forme d’intelligence?
Si l’on considère la répartition d’un tas de sable sur le sol (ce qui donne une courbe gaussienne), il y a toujours des grains qui s’étalent à gauche et à droite. Les enlever ne sert à rien, car automatiquement si l’on touche au tas de sable celui-ci va se restabiliser et faire glisser des grains vers ses nouvelles extrémités. Dans une répartition au hasard dépendant de très nombreux paramètres comme dans notre pensée, il y a toujours cette forme de distribution, qui est normale (dans les deux sens du terme). Ce qui ne le serait pas, ce serait que ce tas de sable ait la forme d’un cylindre droit comme s’il était bétonné ou enfermé dans un tube. Dans ce cas, on se retrouverait dans une situation de pensée unique. Et pourtant, même ce cylindre à des extrêmes: sa périphérie. Faudrait-il l’éradiquer comme si l’on voulait arracher la peau parce qu’elle nous démange? Et dans ce cas, pourquoi ne pas briser le squelette puisqu’il est rigide ?
De plus, en général, la répartition statistique de l’ensemble sociopolitique est la représentation des états que peut prendre chaque membre constituant l’ensemble, et ce pour chaque antagonisme: progressisme/conservatisme, dirigisme/libéralisme, fédéralisme/séparatisme, dictature/acratie, discipline/anarchie, etc.3. Dans tous les cas, où les choix peuvent donner des nuances de gris entre le noir et le blanc, il y aura toujours des extrêmes. Et dans tous les cas où ces choix dépendent de très nombreux facteurs, il y aura toujours des valeurs moyennes qui s’imposent statistiquement en nombre au sommet de la courbe gaussienne. Les catégories moyennes (et non les «classes moyennes» au sens sociopolitique du terme) se comportent comme des amortisseurs à tout type de changement et non comme des freins bloquants. En revanche, il n’est pas rare de voir des dominants vouloir déplacer le centre social vers leur centre, leur «vérité».
Des expériences comme celle de Milgram montrent à quel point on peut basculer vers un extrême. Si ces extrêmes deviennent trop importants en nombre, c’est qu’ils ont absorbé des membres d’une couche médiane. Les apports viennent précisément de ces couches dites «moyennes» avec souvent un certain préjugé derrière le terme, un préjugé précisément en opposition avec le concept hôdon. Un préjugé qui devient manipulation en tentant de pousser les «moyennes» hors de leur «médiocrité» vers plus de radicalisme.
Si les extrêmes «augmentent» en importance, nombre ou pouvoir, c’est parce que le contexte, toujours incomplètement prévisible, pousse l’ensemble vers une solution, un peu comme le mouvement de la dune qui suit le vent. Ce n’est pas l’extrême qui attire la masse, c’est l’environnement qui la pousse. Étudier cet environnement permettrait de mieux comprendre pourquoi la dune se déplace.
Tout comportement répond à un contexte. Toute cause a un effet. Le problème, c’est quand on se concentre trop souvent sur l’effet, en oubliant souvent la cause, ou les causes, car elles sont souvent multiples. En fait, on se retrouve devant un «système chaotique» composé de nombreux humains, eux-mêmes dotés d’un très grand nombre de neurones imprégnés de tant d’expériences différentes.
Chercher la cause? Dans toutes organisations vivantes de toute taille, il y a toujours le besoin de protéger sa structure. Pour cela, il y a toujours des zones périphériques plus sensibles, des indicateurs de dangers en fait, qui sont par leur nature défensive, «xénophobes», prêts à alerter toute menace pouvant altérer sa structure et par conséquent sa vie. Les êtres vivants, des cellules aux sociétés, en passant par les humains, se dotent en interne de polices, de gens d’armes, à l’intérieur et aux frontières. Tout mélanger pour cacher certaines nocivités sous prétexte de refuser l’amalgame, c’est in fine, favoriser les allergies même devant ce qui n’est pas nocif.
Tout l’art de Hôdo sera de bloquer toute nocivité tout en respectant l’intelligence de celui qui est hostile, afin de découvrir ce qui pourrait le transformer sinon en ami du moins en allier pour grandir ensemble.
Dans toute organisation vivante, et les sociétés sont des «organismes vivants», on peut trouver ces interactions biologiques:
Que faire dans ces derniers cas? Que faire lorsque deux «ennemis» s’affrontent? Selon la deuxième loi hôdonne, il faut que chacun ait droit à son abri. La solution privilégiée serait donc de renvoyer chaque ennemi chez lui et de ne pas s’ingérer dans les affaires d’autrui, sauf en tant que modérateur impartial, ce qui correspondrait à l’esprit hôdon puisque celui-ci respecte toute forme d’intelligence sans chercher à attribuer de «bons points» et à classer les «méchants» à droite et les «gentils» à gauche. Contrairement à beaucoup de courants, l’esprit hôdon n’est par contre pas pour la réunion forcée des gens et des groupes. La synergie n’implique pas la fusion forcenée de tout. Ce serait comme indifférencier les organes de notre corps. Chaque organe a sa place, son rôle. Certains interagissent en permanence avec les autres organes, voire tout l’organisme comme le sang, d’autres interagissent moins ou plus discrètement ou avec des organes précis… Chaque société pourrait être un organe de ce corps qu’est notre planète, et comme chaque organe, être plus ou moins perméable et ouverte aux échanges.
L’esprit de groupe impose souvent le besoin de se réunir. L’humain semble essentiellement tribal. Dans l’esprit hôdon, l’isolement d’un «clan» ne devrait pas être sujet de «conflit» tant que ce clan n’est pas emprisonné ou assiégé et tant que chaque individu d’un clan peut en sortir et y revenir, c’est-à-dire qu’il reste libre de pouvoir fuir. Autant dans l’esprit hôdon il est concevable qu’un clan se referme sur lui-même pour se protéger de l’extérieur, autant il ne semble pas respectueux de l’intelligence de ses membres de les empêcher de quitter le «cocon» protecteur.
Par contre, surtout en période de conflits, il semble incontournable de parfois devoir fermer les portes ou frontières à une communauté «hostile» tant que dure l’hostilité. «Tant que dure l’hostilité», encore faut-il peut-être
Autant l’attitude hôdonne se refuse à toute ingérence, autant elle est en faveur de la séparation des belligérants. La médiation ou l’interposition qui s’en suivrait ne peut avoir comme but de modifier à la place des antagonistes la politique qu’ils combattent ou qu’ils soutiennent. Elle devrait se résumer à éviter les conflits armés, et à faciliter la recherche d’une solution gagnant-gagnant, quel que soit le temps mis pour y arriver.
Peut-être, faudra-t-il instaurer une bande neutre pour cela. Seuls des gens neutres issus de ces régions en conflit pourraient le suggérer et la maintenir, car ce n’est pas aux hôdons des autres régions à imposer leurs conceptions de vie dans un environnement qui n’est pas le leur. Par contre, leur neutralité de ceux qui se revendiqueraient de l’esprit hôdon les prédisposerait à ce genre de médiation.
La notion de havre de paix est indispensable pour la survie en tout milieu hostile. Or, l’humain ne pouvant vivre aisément en solitaire aura besoin d’étendre cette notion avec d’autres avec qui les sources de conflit seront diminuées. Cela se fera, en partageant un certain modus vivendi. Ainsi, le refuge où l’on retrouve sérénité, vigueur et harmonie recouvrira toutes les sphères de la «niche» du «chez-soi» du solitaire, du foyer, jusqu’aux grands rassemblements de sous-ensembles, tribus, clans, peuples, nations…6
Jusqu’à l’avènement du Web et des univers virtuels, ces espaces se sont faits exclusivement par l’occupation territoriale du nid familial aux tribus, puis aux associations sous forme de grandes communautés philosophiques, politiques, religieuses ou économiques, jusqu’aux communautés d’États. Ces prises de possession de terrains de chasse et d’abris sont des résultantes de l’esprit de domination qui habite chaque être vivant.
Si le territoire est libre, cela ne pose pas de problème. Ou presque pas? Car planter un drapeau sur un astre inoccupé veut-il signifier que c’est l’astre entier qui a trouvé son propriétaire? Ou bien, l’espace conquis est-il seulement limité à l’endroit précis où il y a la marque d’un pas dans le sol?
Si le territoire est occupé, l’occupation se fait très souvent en chassant l’hôte qui y est, sinon dans le meilleur des cas, en partageant son espace, avec des comportements allant du mutualisme au parasitisme. Et si ce territoire est inoccupé, mais déjà approprié, il y aura souvent un «loyer» à verser, mais le «squat» existe aussi… Enfin, toutes les invasions ne viennent pas nécessairement de l’extérieur. Un cancer trouve sa source dans l’organisme, même s’il a été engendré par des agents extérieurs.
Si le territoire appartient déjà à quelqu’un, peut-on l’en déloger pour avoir un «chez-soi»? Et si tout appartient à quelqu’un, où aller? Peut-on même se déplacer d’un point à un autre?
L’expérience et l’observation montrent que finalement, c’est toujours la loi du plus fort qui marquera et délimitera la propriété privée. La force n’est pas que physique, c’est même l’une des raisons probables de notre intelligence: pallier le défaut de force et dans tous les cas essayer de dépenser moins d’énergie qu’on en gagne, car les êtres vivants sont des «mangeurs» de matière et d’énergie. Les plus «rusés» détourneront le pouvoir de la force physique, parfois violente, par de nombreux moyens dont l’argent qui en fait, au lieu de représenter une valeur intrinsèque, représente une valeur que l’on pourrait résumer par: «cela m’a coûté autant d’effort pour l’obtenir et je désire au moins en récupérer l’équivalent».
La possession d’un territoire occupé est donc le résultat d’une conquête, par la force, le marchandage ou la manipulation, sauf dans un cas, le plus nombreux, celui de la naissance. Le nouveau-né est implicitement non seulement chez lui dans son foyer, mais aussi dans son clan, sa tribu, sa patrie. Mais là, on touche un autre problème: celui de la vengeance entretenue pour chasser ainsi les héritiers coupables de la faute de leurs ancêtres. Personne n’a demandé de naître, alors pourquoi serait-il accusé d’être né quelque part, dans un environnement physique, biologique, culturel, historique…?
À l’instar du corps, chaque société est composée d’organes, et tous sont composés de cellules. Aucun organe, aucune cellule n’ont de privilèges sur les autres et tous ont leur fonction indispensable à l’organisme. Si un groupe de cellules est rejeté, elles peuvent se gangrener et finir par empoisonner tout le corps. Si un groupe de cellules ne veut plus se soumettre aux règles internes de l’organisme, un cancer peut se développer. Les analogies peuvent être nombreuses, mais ce ne sont que des analogies. Néanmoins, l’observation de la nature peut être d’un grand secours pour parfois comprendre ce qui se passe à une autre échelle, ou du moins s’en inspirer.
Autant dans la nature, il y a incontestablement des prédateurs qui se développent grâce aux proies, autant à l’intérieur d’un organisme, tous les êtres qui y vivent semblent concourir au bien-être de l’ensemble, sinon l’organisme tombe malade et peut éventuellement mourir. Cela semble toujours se réaliser avec plus d’équité que dans les sociétés animales, car aucune cellule, aucun organe ne peut prendre le pouvoir au détriment d’un autre. Il n’y a pas de critères de choix pour favoriser l’un ou l’autre. Seul le stress peut aiguiller les énergies supplémentaires aux organes sollicités. Et encore, si ce stress persiste, certains organes dépérissent, et c’est l’organisme entier qui dépérit. On peut facilement imaginer que si le «favoritisme» dans nos sociétés, agit comme le stress, l’organisme devra réagir ou mourir.
Les humains ont besoin de se regrouper en clan, en tribu, en nation. Cela leur permet de créer un environnement sécuritaire, leur «terrain de chasse», qui leur permettra de vivre plus ou moins sereinement et confortablement. Les clans n’ont pas nécessairement de frontières physiques, les frontières mentales suffisent, parfois représentées visuellement par le port d’un uniforme (vêtement, décoration, tatouages…) ou par un comportement particulier.
L’esprit humain est spontanément plus négatif que positif pour la simple raison qu’il vaut mieux rester en vie afin de profiter du bien-être qu’il pourrait s’offrir. Pour cela, il faut prévenir tous les risques susceptibles de réduire le confort et abréger cette existence. Seule l’accoutumance, par les drogues et le formatage, permet d’oublier ses réflexes. Les connaître par contre nous permet de ne pas jouer à l’autruche ni d’être manipulés. Les émotions négatives ne doivent pas être refoulées, mais sciemment et consciemment maîtrisées.
D’autre part, l’une des qualités de l’intelligence est de regrouper les informations dans des ensembles. La catégorisation nous permet de rapidement trouver les éléments par «affinité» et notamment ceux qui sont positifs, indéterminés ou négatifs. Or, dans beaucoup de choix, l’indéterminé est la moins mauvaise des options. Elle ne se prend qu’en dernière instance.
Ces caractéristiques nous rendent plus ou moins spontanément xénophobes. Enfouir ce réflexe est aussi néfaste que le laisser débridé. C’est comme si l’on voulait enfouir au plus profond de soi toutes les pulsions sexuelles sous prétexte qu’elles peuvent conduire à une offense, voire un viol. Refouler ces comportements, c’est à la fois la porte ouverte à tous les paternalismes infantilisants ou à toutes les revendications manipulatrices qui jouent sur la culpabilité.
La vie en société, et même certains aspects d’hygiène et de santé personnelle, passe par l’éducation. Mais le problème est que souvent la scolarisation devient l’antichambre d’un enseignement professionnel et non un apprentissage qui a pour but d’enrichir l’être et d’améliorer ses rapports avec la nature et la société. Pourtant, il s’agit de deux choses distinctes, quoique toutes les deux utiles, et qu’il serait peut-être sage de bien séparer.
Autant l’on peut demander certains niveaux d’expertise à un professionnel, autant l’art de vivre ne devrait pas être soumis à cette course, car le but n’est pas d’exceller dans un domaine précis, mais d’être bien dans sa peau et sa tête au sein d’une communauté harmonieuse dans laquelle le respect de toute forme d’intelligence serait la loi primordiale.
Il ne faut pas que l’école serve à séparer des «élites» qui n’ont rien à voir avec l’«expertise», mais seulement à privilégier certaines classes sociales. Il ne faut pas non plus que l’éducation bascule dans une sorte de garderie où l’enfant et le jeune adulte n’apprennent même plus à se découvrir, se dépasser et vivre en synergie avec autrui.
Le système social est tellement «chaotique» au sens mathématique du terme que les membres d’un groupe, de quelque dimension que ce soit, se soumettent à des règles et des codes pour assurer les échanges entre membres et parfois entre sous-groupes.
Ces échanges concernent aussi bien les aspects physiques que les cognitifs, comme le langage, les normes de construction collaborative, le négoce, l’hygiène, l’écologie locale… et surtout la paix.
De très nombreuses règles de courtoisie, sinon toutes, de manière plus ou moins directe, ont une relation avec la paix, que ce soit en paroles ou en comportements, que ces derniers soient gestuels ou décoratifs. Beaucoup de ces règles sont adoptées de manières mimétiques, et commencent dans le noyau familial puis s’enrichissent par la suite au contact des autres membres de la société par imitations ou apprentissage.
Pour s’assurer que les messages de paix ou d’hostilité sont bien transmis et perçus, il est nécessaire d’en figer les règles à la fois pour éviter de reconstruire la bonne interprétation à chaque échange d’informations.
Ces «lois» sont donc confiées en général aux dominants de la tribu, du clan, d’une région, pour qu’ils aient l’office de gardiens et d’interprètes. De plus, il leur incombera fort probablement de faire respecter ces règles. Et comme ce sont des dominants, ils en profiteront aussi souvent pour édicter leurs «lois», car c’est l’une de leurs spécialités, celle d’imposer sa volonté, donc ses règles… Les leurs ou celles de la communauté qu’ils sont censés protéger? De quelle communauté sachant que chaque société a ses répartitions statistiques sur tous les thèmes? Le dominant choisira presque toujours le clan qui l’a monté au pouvoir et s’arrangera pour transformer sa vérité en Vérité incontournable. Il s’abrite en général derrière des «fois» religieuses ou philosophiques qui, au passage, peuvent avoir en tant qu’idéologie toutes les formes de sociétés: conservatrice ou progressiste, très hiérarchisée ou anarchique… ainsi que ses extrêmes qui peuvent aboutir aux terrorismes.
Tous ces choix sont, qu’on le veuille ou pas, logiques pour ceux qui les font et les imposent, par la force ou par la ruse, c’est-à-dire la manipulation, en général démagogique ou culpabilisante. Et cela, sans compter que, souvent, une communauté a besoin de loyauté, de confiance, et donc, croit obéir volontairement et non aveuglément, sans savoir si l’on y porte un collier de fer ou un harnais de velours. On sait souvent qu’on porte le premier, on ignore souvent si l’on a le second. C’est tout l’art de la manipulation.
Il faut toujours se méfier des censures et des tabous. C’est une manière de mépriser le libre arbitre et de déconsidérer les responsabilités. C’est surtout très dangereux de cacher la vipère sous l’oreiller.
L’esprit hôdon prétend que personne ne peut se vanter de détenir la vérité. Aussi, il prône toujours l’humilité scientifique et la libre pensée. La libre pensée ne doit pas être confondue à une volonté de douter systématiquement d’autrui, et encore moins de le contester en permanence, mais d’être capable de remettre en cause ses convictions ou habitudes si les faits semblent prouver le contraire, et d’être capable de laisser quiconque réexaminer sans tabous ni préjugés une vérité établie.
Autant la libre pensée est une voie souveraine de non-soumission aveugle et de créativité, autant le déni de participation peut être nuisible au bien-être de la collectivité qui héberge et protège.
La libre pensée ne doit pas se résumer à ne vivre qu’en brandissant la bannière du «j’ai le droit de…», car en face, l’autre a toutes les raisons de brandir la sienne «moi aussi, j’ai le droit de…». Sans concessions, seule la loi du plus fort l’emportera.
La liberté absolue a toujours un prix: celui d’éradiquer ce qui va l’en empêcher, ce qui implique toujours ripostes et revanches jusqu’à la domination, voire la disparition, de l’un des opposants.
D’autre part, la synergie, la symbiose, le mutualisme ne sont pas parasitisme et encore moins prédation. Même le commensalisme obéit à des règles sociales s’il ne veut pas devenir parasitisme. Qui dit «règles sociales» dit «soumission librement consentie», même si l’on n’a pas contribué à leurs existences.
À l’exception de la «manne du ciel», tout est négocié entre humains. Tout est donnant-donnant dès l’instant où il n’y a pas vol. Et tant que l’échange est gagnant-gagnant, il n’y a pas d’abus. Le sentiment de justice est maintenu à ce prix et sans ce sentiment, il n’y a pas de sérénité, donc pas de paix.
Enfin, l’intelligence se développe plus quand elle doit s’affronter à un obstacle et réussir à le surmonter ou le contourner. On se grandit quand la difficulté est vaincue, à condition évidemment que cette difficulté ne soit pas de rabaisser autrui. On se grandit quand on crée et non quand on détruit. S’impliquer selon ses compétences, quelles qu’elles soient, grandit la société. Nous sommes comme les cellules qui constituent un organisme, un corps vivant et complexe. Lorsque ces cellules font ce qu’elles veulent, alors le cancer risque de s’installer.
Hôdo a en soi la notion de «terre de rétribution» dans sa deuxième loi. En plus de ce partage, il faut tenir en compte la «manne du ciel» que souvent nous appelons dans ce site de manière poétique la «rétribution de Gaïa».
L’univers fournit gratuitement son énergie à toutes les espèces vivantes. C'est cette énergie, «manne du ciel» ou «cadeau de Gaïa», qui nous permet de vivre.
Chaque enfant devrait recevoir cette «manne» qui devrait ne lui servir qu’à lui et non aux parents. Ceux-ci d’ailleurs recevraient leur «manne» comme tous les humains vivants de la planète. Chaque personne dans l’incapacité de faire fructifier pour quelque raison que ce soit ces biens acquis devrait pouvoir survivre décemment avec ce «don du ciel» sans avoir à recourir à des «dons de solidarités».
L’abri indispensable dans le concept hodon ne fait pas vraiment partie de cette manne, même si chaque espèce vivante devrait trouver un terrain de chasse et un refuge. En effet, l’occupation d’un lieu, et le partage de toute ressource non divisible ou alternée, sont le résultat de dominations ou de conquêtes. Le respect de toute intelligence devrait conduire à chercher des solutions gagnant-gagnant. Peut-être qu’une solution planétaire serait d’attribuer à chaque humain en vie trois parcelles de Terre:
Être responsable, dans ce cas, consisterait à entretenir les deux dernières. Il s’efforcerait de rendre utile, ou du moins utilisable, le lopin de terre de la communauté. Il protégerait celui qui est réservé à la planète en y laissant la vie sauvage et naturelle prospérer en paix sans intervention humaine.
Les autres gratuités sont en général mal interprétées par les bénéficiaires qui les accueillent comme un dû sans reconnaissance ni respect pour la collectivité. Pourtant, ces formes d’assistanat sont aussi alimentées par le fruit de ceux qui ont travaillé parfois très durement et très longtemps pour améliorer leur sort et assurer leurs arrières en toute honnêteté et en tout indépendance.
Il serait d’ailleurs plus sage de revoir complètement la notion de travail aussi surtout dans un monde où l’humain essaie de travailler moins pour gagner plus au sens énergétique du terme comme tout être vivant. Le travail pourrait être aussi partagé en trois parts:
L’idéal serait peut-être que l’esprit hôdon soit celui d’un organisme tel que l’ONU. Une telle charte est pensée pour être ouverte à toute l’humanité, sans préjugés culturels ou philosophiques, mais sans soumissions contraintes ou forcées non plus.
Être accueillant ne veut pas dire accepter tout envahissement. Et ne pas être assujetti n’implique pas non plus de s’ingérer dans les affaires d’autrui pour prétendument anticiper une invasion.
Il ne faut pas être utopique pour autant. Des agressions, il y en aura toujours, car nous sommes fabriqués pour nous approprier à moindres frais le «confort» auquel aspire notre être et l’agression est une solution de facilité qui nous est offerte dans nos mécanismes. Mais être hôdon, c’est croire qu’il est possible de gérer cette agressivité pour qu’elle soit le plus possible constructive et non destructive, car notre intelligence est prévue pour contourner des difficultés et trouver des solutions. Mais aussi, souvent, on ne peut y arriver seul, sans l’aide d’un modérateur dans tous les sens du terme. Ce modérateur peut être aussi bien une personne, qu’un groupe. D’ailleurs, chaque groupe en soi se comporte comme un «modérateur» sur chacun de ses composants. On peut réellement comparer ces modérateurs comme des bains de fluides plus ou moins visqueux au sein de gradient de température plus ou moins marqué. Plus les écarts de températures sont grands, plus le fluide est agité, mais plus il est visqueux, moins c’est violent.
Cette viscosité est souvent maintenue par l’inertie des classes moyennes qui entretiennent des us et coutumes.
Cette attitude conservatrice maintient une paix relative, et freine les évolutions tant qu’il n’y a pas de contraintes fortes. Ces contraintes fortes ne sont pas nécessairement scientifiques, loin de là. Ce sont souvent des lois imposées par ceux qui veulent grimper dans leur idéologie, ceux qui veulent tout bousculer pour y arriver, ceux qui veulent garder la domination et qui font tout pour la garder envers et contre tous.
C’est l’une des raisons pour lesquelles l’esprit hôdon ne peut donner naissance à une association au sens classique du terme. Pour respecter ses trois lois fondamentales, on ne peut se comporter que comme un catalyseur au sein de toutes les communautés existantes, un simple partisan du remue-méninges qui ne cherche pas à s’imposer. Pour cela, il faut pratiquer une neutralité en religion et en philosophie, sans tomber dans des attitudes militantes et activistes des «antitout» ou des «prorien».
Être hôdon, c’est non seulement adhérer à ces trois lois, mais c’est surtout et avant tout vivre en fonction d’elles, et entre autres, c’est être un libre-penseur. Être libre-penseur, ce n’est pas penser envers et surtout contre tous. Être un libre-penseur, c’est être libre de gérer sa pensée, c’est accorder sans soumission sa confiance à d’autres, car on ne peut vivre sans déléguer et s’en remettre à ceux qui dominent mieux que soi un thème, quel qu’il soit. C’est être capable de faire marche arrière et changer de cap quand les faits montrent que nos choix n’étaient pas des plus judicieux… Être libre-penseur, c’est avant tout être maître de soi. Une qualité qui se conquiert chaque jour de sa vie, tant que le cerveau en a la capacité.
Mais c’est aussi être particulièrement humble, car chacun a cheminé dans ses propres pensées avec ses propres interrogations et ses propres réponses.
Être hôdon n’implique pas d’appartenir ou pas à une philosophie, c’est suivre un projet comportemental, et s’il y a associations de Hôdons, ce ne sera que pour améliorer le projet qui ne tient qu’à trois lois fondamentales, dont le but est de tenter de diminuer les tensions entre personnes et populations et, au contraire, d’en augmenter la synergie créatrice pour le bien de tous. C’est tendre vers cet objectif de manière rationnelle, et non subjective ou émotionnelle,
S’il faut un regroupement, ne fut-ce que pour se rassurer et s’encourager mutuellement à croire en quelque chose que nous ne voudrions pas qu’elle reste qu’une utopie, il ne faut surtout pas que cela devienne une organisation standard avec une hiérarchie de pouvoir. La meilleure image d’organisation qui correspondrait à un tel groupe serait celle du cerveau. Aucun neurone n’est «chef», et le cerveau n’est pas monolithique. Il est partagé en zones plus ou moins spécialisées qui coopèrent avec les autres.
Hôdo est l’écriture francisée de Hōdo (méthode Hepburn). Hoodo est parfois utilisé, et Hodo est une erreur (ou une paresse, ou une simplification d’URL) de typographie. L’idéogramme kanji correspondant est:
報 peut se prononcer et signifier: HOO, POO: nouvelles, information ; muku(iru): rendre la pareille, donner en retour.
土 peut se prononcer et signifier: tsuchi, DO, TO: le sol, la terre.
C’était un symbole idéal pour une société de l’information (au sens du partage et de l’accroissement du savoir) en même temps qu’un symbole de paradis qui est ce qu’on fait de cette terre et de ses habitants.